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 Le système D. (duo)

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Gema W. Thinncöen




Messages : 18
Date d'inscription : 05/11/2024

Le système D. (duo) Empty
MessageSujet: Le système D. (duo)   Le système D. (duo) EmptyMar 5 Nov 2024 - 19:39

Samedi 2 mars 1940


L’hiver 1940 fut l’un des plus rudes et des plus tardifs de son époque dans la petite ville de Puys. Rarement les habitants avaient connu le mercure aussi bas. Cette année là, le gèle s’était insinué partout, jusqu’à figer dans la glace la mare de l’école élémentaire. Les riverains ne sortaient qu’en cas de grande nécessitée, pour couper du bois ou acheter des vivres. Alors la ville tournait au ralenti depuis les premières gelées et les commerces le ressentaient. Seul l’un entre eux ne connaissait pas la crise hivernale, il s’agissait du bar-restaurant « Le Phare d’Orcel ». Dans l’océan glacial qu’était l’extérieur, il semblait être devenu la bouée de tous les habitants du village, le seul lieu chaleureux et confortable où l’on pouvait croiser âmes qui vivent. Le débit de boisson surtout avait connu une forte inflation. Des chocolats chauds à la sortie de l’école aux verres d’alcool revivifiants, tout était prétexte pour venir boire un coup dans l’unique bar de Puys.

Cette configuration faisait bien les affaires de la famille Dutellier, tenancière du bar. Ils avaient rarement eu une telle clientèle lors de la période hivernale. Pas même la déclaration de guerre de la France à l’Allemagne ne semblait pouvoir ruiner leur commerce. En réalité, depuis le fameux 3 septembre 1939, rien de notable ne s’était vraiment passée entre les deux pays ennemis. « Quelle drôle de guerre ! », s’exclamait-on dans les cafés. Les suppositions allaient de bon train sur la suite des événements ; certains, les optimistes, pensaient que le conflit se réglerait dans l’année et sans affrontement, d’autres attendaient avec peur que l’un des pays lance l’assaut. Pourtant, malgré la situation dans laquelle ils étaient, la guerre était loin d’être le sujet de conversation principal des habitants de Puys. Les petits tracas du quotidien de chacun remplissaient toujours le fond sonore. Il y avait l’grand Georges, l’éleveur du village, qui se plaignait que le froid tuait ses bêtes ; Joseph et Hanna qui se disputaient sur l’éducation de leur fils unique et Madame Gigori qui renseignait tous les riverains sur l’état catastrophique de ses fonds de commerce. En résumé rien de très particulier ne s’était jamais passé à Puys. Rien d’extraordinaire n’était jamais venu ébranler les certitudes d’un quelconque habitant. Rien dans ce petit village normand à coté de Dieppe n’avait jamais marqué l’Histoire.

Pourtant cet état de calme ordinaire était sur le point de basculer. Le changement arriva le soir du 2 mars 1940 dans les alentours de dix-neuf heures alors que les habitants passaient à table. Il se présenta dans une grande cape noire, sinistre présage. Le visage fermé, l’air sombre, une barbe grisonnante, il n’arriva pas à grand fracas. Dans les rues personne ne le vit. Qui, de toute façon, se promenait par ce froid et à une heure pareille ? Quand il entra dans l’unique bar-restaurant de Puys, il ne fit pas de bruit et c’était à peine si la tenancière le vit. Odette Dutellier le trouva étrange bien qu’il commanda simplement le plat du jour. Il était renfrogné, ne parlait qu’avec des phrases brèves et concises mais, le plus curieux chez cet homme était qu’il ne la regarda jamais dans les yeux une seule seconde. D’ailleurs il ne semblait jamais rien regarder de particulier, le visage constamment tourné vers sa table. Odette se demanda s’il ne s’agissait pas d’un allemand venu repérer un quelconque élément utile à son pays, seulement, elle se rendit rapidement compte que son accent parisien ne pouvait pas être feint. Elle finit par le servir, plus à l’oublier. Seul dans son coin, l’homme n’était pas de ceux que l'on remarque.

Finalement les repas se terminèrent, et les habitants du village venus manger dans le restaurant rentrèrent chez eux. Comme à son habitude, vers vingt-deux heures trente, l’établissement s’était presque entièrement vidé. Marcel Dutellier, qui ce soir avait aidé en cuisine, était déjà remonté chez lui dans l’appartement qu’il occupait avec sa famille sur deux deux étages au dessus du restaurant. Il finissait son service bien avant sa femme qui devait nettoyer les lieux et souvent il redescendait pour l’aider une fois les clients partis. Le samedi, cependant, Odette s’accordait de ne pas tout faire briller ; comme le restaurant n’ouvrait pas le dimanche, elle pouvait y faire le ménage après la messe. Elle avait donc décidé de remonter peu après son mari, pour profiter du calme. Ses enfants devaient déjà dormir, du moins elle espérait que si ce n’était pas le cas leur père leur avait flanqué une rouste et qu’ils étaient maintenant dans leur lit comme des petits anges. Elle irait sûrement les bordés avant de profiter un peu de sa soirée. En outre, pour elle, la journée semblait se terminer aussi anodinement qu’elle avait commencé.

Soudain, alors qu’elle l’avait oublié, l’homme étrange qu'elle avait servi plus de deux heures plus tôt se leva brusquement. Odette sursauta et fit tomber la chaise qu’elle venait de mettre sur une table. Une fois debout l’homme n’était pas très impressionnant. De petite taille il n’avait pas vraiment une carrure de sportif. Sa barbe grisonnante était bien taillée et même si les cheveux semblaient avoir fuit sa tête, il portait avec fierté un chapeau haut de forme très démodé. La tenancière se demandait s’il s’agissait d’un braqueur mais elle savait qu’elle m’avait qu’à appeler son mari, bien plus grand pour qu’il le terrasse en quelques secondes. Pourtant pas rassurée elle lui annonça d’une voix tremblotante :

- Le restaurant a fermé, Monsieur. Il serait temps que vous quittiez les lieux.

- Veuillez m’excuser Madame de vous déranger, j’espère ne pas vous effrayer, dit-il en enlevant son chapeau par politesse. Je suis en réalité venu pour ici vous parler, à vous et à votre mari. J’ai de nombreuse chose à vous apprendre et je suis certain que vous aimerez tous les deux les entendre.

Comprenant la demande sans qu’elle ne lui soit clairement posée, Odette appela son mari depuis le bas de l’escalier. Elle entendit Marcel grogner depuis leur appartement. Il s’était sûrement déjà préparé par la nuit et ne s’attendait pas à être ainsi déranger.

Cependant il ne fut pas le seul que cet appel impromptu interpela. Dans sa petite chambre au premier étage, Jeanne, l’unique fille de la fratrie Dutellier, lisait un livre à la lueur d’une bougie. Elle ne voulait pas que ses parents puissent voir la lumière au bas de sa porte car, officiellement, elle devait dormir depuis longtemps. Quand elle entendit la voix tremblotante de sa mère appeler son père depuis le restaurant, elle fut interloquée. Ses parents n’étaient pas de ceux qui réveillent leurs enfants en criant fort leur problème. Elle le savait bien car depuis qu’elle avait emménagé dans l’ancienne chambre de sa défunte grand-mère au premier étage, elle n’entendait jamais ses parents parler depuis le salon, ils chuchotaient souvent pour qu’elle ne puisse pas les écouter.

Ce fut donc l’intensité sonore de l’appel qui éveilla la curiosité de Jeanne. Elle avait l’impression qu’une chose grave venait d’arriver. Alors, dès qu’elle tendit la porte de l’entrée de leur appartement se fermer, elle se leva avec délicatesse. Elle fit attention à ne pas faire craquer le parquet ou grincher la porte de sa chambre en sortant. Se déplaçant à la lueur de la bougie qu’elle tenait dans ses mains, elle arriva à pas de loup sur le minuscule palier qui faisait le lien entre leur appartement et le restaurant au rez-de-chaussée. Là, elle souffla sur sa bougie pour l’éteindre de peur que ses parents ne voit la lueur d’en bas et ne la surprenne. Elle s’assit dans un coin sombre de l’escalier depuis lequel elle pouvait observer le restaurant sans être vue. Ses parents étaient de dos et ils semblaient parler avec un petit homme, surement très vieux. Elle tendit l’oreille pour mieux les entendre.

- … discussion sera longue, affirma l’inconnu.Permettez-moi d’abord de me présenter. Je me nomme Ernest Maillet et je travaille pour le compte du ministère de la Mag… du ministère. J’ai été envoyé chez vous pour vous apprendre que le monde est en réalité bien plus vaste que vous ne l’imaginez. Je vous demanderais donc de rester… ouvert d’esprit.

- Mais qui est ce mariolle ?! s’impatienta le père de famille. C’est pour ça que tu m’as fait venir Odette ? J’aurai du rester là-haut ! Bon allez-vous en maintenant Monsieur.

Marcel se leva, prêt à partir mais sa femme le retint par le bras. Jeanne ne sut jamais si elle le fit par instinct ou parce qu’elle ne voulait pas s’attirer d’ennui au cas ou l’homme soit un vrai official, mais elle regarda son mari dans les yeux et lui dit :

- Ecoutons le jusqu’au bout, ce qu’il a à nous dire est peut-être important.

Alors qu’il ne se mettait rarement en colère devant ses enfants, le père poussa sa chaise d’un air furieux. Il en avait assez de toutes cette mascarade ridicule et puis rien ne pouvait que l’homme était réellement du ministère comme il le prétendait !

- Le 20 octobre 1937 !

Tous se figèrent en entendant l’homme prononcer cette date. La main d’Odette se mit à trembler et Marcel n’osa plus prononcer un mot. Depuis le haut de l’escalier Jeanne retenait sa respiration. Elle-même connaissait très bien ce jour. Le souvenir était si frais dans sa mémoire qu’il semblait s’être déroulé la veille.

- Qui être-vous ? demanda Odette d’une voix très sérieuse.

- Je vais tout vous expliquer, repris l’homme avec calme. Je me nomme Ernest Maillet et je suis envoyé à vous par le ministère de la Magie. Sûrement cela vous parait-il incroyable, ridicule même, mais je suis certain d’au fond de vous, vous savez que je ne vous raconte pas d’ânerie. Ce qui vous est arrivé ce jour d’octobre est en réalité tout à fait normal. Votre main, Madame, qui grossit et qui rebondit sur la joue de votre fils, a en fait été enflée par votre fille. Car, que vous soyez en mesure de me croire ou non, vos jumeaux sont des sorciers tout comme moi.

La nouvelle fit l’effet d’un coup d’état, non seulement pour Odette et Marcel qui ne disaient mot mais surtout pour la petite Jeanne qui était restée en haut de l’escalier. Ses pensées étaient toutes embrouillées, elle ne comprenait pas vraiment ce qui lui arrivait. Alors elle suivit la seule pensée claire qui lui restait : elle courut au deuxième étage réveiller son frère jumeau.


- post 8 Novembre 2017-
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