Là où vont nos pères de Shaun Tan.
Très récemment – hier en fait xD – j’ai lu un livre que je qualifierai de particulier, même si le style est quand même assez développée. Il s’agit d’une bande dessinée sans parole, des dessins racontent donc toute l’histoire à la manière d’un film muet ou encore une série de caste postale. Je suis tombé dessus dans le CDI de mon lycée et les images m’ont tout de suite plus, fascinées. L’auteur, Shaun Tan, a pris quatre ans à la réalisation de son œuvre, pour rassembler des témoignages et des photographies dont il s’est inspiré et dessiner toutes les planches.
La quatrième de couverture nous en apprend un peu plus sur la bande dessinée : Pourquoi tant d’hommes et de femmes sont-ils conduits à tout laisser derrière eux pour partir, seuls, vers un pays mystérieux, un endroit sans famille ni amis, où tout est inconnu et l’avenir incertain ? Cette bande dessinée silencieuse est l’histoire de tous les immigrés, tous les réfugiés, tous les exilés, et un hommage à ceux qui ont fait le voyage… Vous l’aurez donc compris il s’agit d’une histoire sur la difficulté de l’immigration en tout temps et en tout lieu.
On y suit le récit d’un homme, sans nom, sans identité, un parmi tant d’autres, qui entreprend un voyage vers le monde merveilleux, idéalisée où il doit trouver une vie meilleure. Obligatoirement il va devoir abandonner sa femme et sa fille dans leur ville sous le règne des monstres volants.
Assez rapidement, malgré l’univers fantastique on y reconnait les icônes de l’immigration bien connus : Ellis Island, où tous les migrants en direction des Etats-Unis sont passé au XXe siècle ; ou encore la Statue de la Liberté ; l’écriture très stylisée qui me rappelle, pour ma part, l’écriture arabe. Un coté plus sombre l’album décrit aussi la guerre et le traitement réservés à certains enfants : travail acharné dans des conditions lugubres pour un salaire minime. (Il ne faut pas croire que ce genre de chose n’arrive qu’en Asie, mais bon là n’est pas le sujet : x)
Récit engagé donc, intemporel.
Je dois avouer que ce qui m’a tout de suite fait tomber sous le charme de Là où vont nos pères sont les dessins, tout bonnement magnifiques. Désolée pour les amateurs de manga (mais j’ai pour ma part jamais pu accrocher avec les dessins Oo), il s’agit d’impressionnants dessins réalistes dans les tonds noirs et blancs. Il fait avouer que le réalisme apporte à l’histoire de la cohérence dans l’univers complètement différent de celui qu’on connait. Univers splendide de détails, ne faut-il pas oublier. Les expressions des visages sont aussi merveilleusement travaillés (mention spéciale pour la scène d’interrogation).
Finalement on est simplement plongé dans un monde étrange mais touchant aux animaux inconnus. Mais, cette singularité apparente n’est-elle pas la meilleure façon de se mettre dans la peau d’un immigrant qui ne connait rien à son nouveau pays ?
Voilà, voilà. D'après moi, c'est petit bijou poétique et touchant sur des sujets toujours d'actualités.
En espérant que cela vous aura donné l'envie de le contempler, à défaut de pouvoir le lire x)
- post 5 novembre 2016 -