Piratage Bordélique

J'éprouvais pendant quelques secondes un peu d'inquiétude lorsque j'apprenais la convocation de l'avant-garde. Peut-être que ça avait un lien avec ce qui était arrivé à l'Espérance, et surement que Red avait deux ou trois choses à dire à ce sujet… Et puis je ne me rassurais en me disant que si c'était le cas, elle n'aurait pas convoqué tout le monde. Non, je la voyais plutôt régler ce genre de désaccord en personne, et en tête à tête. Je roulais au bas du hamac et aller chercher quelque chose à manger avant de rejoindre la réunion, chose qui me prenais un peu plus de temps que d'habitude. Avec mes exploits des jours précédents, c'était dur de passer inaperçu…

J'entendais ronchonner avant même d'entrer dans la cabine. L'écossais grognait, comme pour changer. La seule différence avec un ours, c'est qu'un ours buvait moins. Je notais également la présence la chirurgienne, mais avec plus de bonne humeur que notre cher gabier. Elle l'avait recousu à l'envers ou bien ? Décidément ce n'était pas son jour.

Entendre parler d'Avery me faisait lever un sourcil. Cette histoire ressemblait à celle des cités d'or, en tout cas pour ce que j'en savais. Je laissais Red finir son explication sans rien dire, intrigué par ce qu'elle avait à ajouter.

Je me penchais pour voir ce qu'indiquait le doigt du capitaine. C'était un pays où je n'étais jamais allé, mais dont j'avais beaucoup entendu parler. Sacré empire que les Mexicains avaient là, mais à en croire les rumeurs, certaines régions commençaient à s'agiter et à demander l'indépendance. Les troubles pourraient nous être utiles et nous aider à passer inaperçu.

- Honduras ? Si capitan, soy hablo un poco espanol. Certains dans la pièce me regardaient en haussant les sourcils, curieux d'en savoir plus. Quoi ? Vous êtes jamais retrouvé tout seul dans une auberge à Cuba ? Je reportais mon attention sur la capitaine. Je ne crois pas aux chasses aux fantômes, mais si vous dites que c'est bon alors ça l'est pour moi.


- post 7 octobre 2021 -

J'étais grognon de pas avoir dormi, et la petite remise en place de Red n'a pas tellement amélioré mon humeur. À l'image d'un enfant de cinq ans, ou juste d'un écossais mal réveillé, je bougonnais le nez dans mon bol que moi aussi j'avais bossé toute la nuit, et même celle d'avant. Cela dit, j'acceptais de relever la tête, ainsi qu'un sourcil, puis même moi tout court, à son explication. Ainsi debout, la cuillère encore dans la bouche, j'ai mon premier mot sympathique de l'entrevue :

- O.K., ça va, c'est valable, là tu m'intéresse...

Je finissais mon bol le temps de me réveiller, et aussi et surtout pour éviter d'en mettre partout le moment venu. C'est que des cartes et des bouquins, j'en avais étudié, moi aussi, depuis mon arrivée à bord. Dont un la fameuse fois où on avait justement été importuné par la chirurgienne... j'avais du mal à comprendre le rapport, mais des fois, avec Red, fallait pas trop chercher à comprendre non plus. Après tout, c'est ce que font tous ceux qui ne sont pas encore dans la confidence, non ?

Je riais un peu à l'intervention de l'Américain, le pointant du doigt en lui disant que j'aurai besoin d'entendre ça plus tard (autour d'un verre ou deux ou douze, évidemment), avant de mettre mon bol entre les mains d'Alonzo et de contourner le bureau pour aller fouiller dans la bibliothèque. Le fameux bouquin, donc. Me retrouvant à côté de la capitaine, je pose l'ouvrage au milieu de la carte, comme si celle-ci n'avait pas d'importance... et pour cause. Je cherchais rapidement la page avant de tomber enfin dessus, et laisser retomber lourdement chacune des couvertures du livre, dans un bruit étouffé par un nuage de poussière virevoltante dans les premiers rayons du soleil.

- Voilà, c'est là ! Y'a tout un passage sur l'Amérique Centrale... Je suis sûr d'avoir lu un passage sur un village côtier du Honduras... j'espère que c'est dans ce chapitre, parce que je suis pas en état de passer une autre nuit éveillé à relire ce truc.

Je laissais mon doigt naviguer sur les lignes histoire de chercher un mot précis ou un autre, mais mes yeux ne suivaient absolument pas. Si j'étais à présent pleinement éveillé, on pouvait pas en dire de même pour toutes les parties de mon corps.


- post 7 octobre 2021 -

L’Honduras. La région était connue comme la porte d’entrée de la Nouvelle Espagne. Au sud du puissant Mexique et au nord du reste des colonies espagnoles, elle profitait d’un emplacement de choix. C’était sur ces côtes qu’une fois déguisés, les bateaux pirates de l’enfance de Dylan partaient vendre leur marchandise pillée, profitant de la relative proximité de leur île. – Peut-être que si elle avait regardé d’assez près elle aurait pu voir le nom du petit archipel apparaitre sur la carte de la capitaine –. Dylan avait longtemps entendu des récits du peuple qui vivait sur le continent, un mélange hétéroclite d’espagnols, d’esclaves et d’autochtones. Elle savait que, comparativement aux îles sur lesquels ils avaient l’habitude d’évoluer, la Nouvelle Espagne était immense et sauvage. C’était un large territoire qui pourrait les mener bien plus loin de la mer qu’elle ne l’avait jamais été. Et au fond de son cœur, elle sentait monter une vive fébrilité.

Dès que la capitaine eut fini ses explications, Dylan perçue du mouvement dans son champ de vision : Jesse Sullivan. Le mois que l’on pouvait dire était que la chirurgienne et le gabier ne filaient pas l’amour parfait. Depuis le premier jour à bord, les deux s’exaspéraient et plus haut point, alors en temps normal, ils faisaient tout pour s’éviter. De manière générale, le gabier était là-haut dans sa hune, la chirurgienne en bas dans son cabinet et ils s’en portaient très bien.

Dylan avait levée les yeux au ciel une première fois quand, un peu plus tôt, il avait demandé ce qu’elle faisait là. La chirurgienne avait voulu lui faire remarquer qu’elle avait un nom et qu’elle était dans la pièce elle aussi, mais elle s’était retenue. La remarque de Red Jack avait suffi à le faire taire de toute manière.


Plus tôt dans la matinée, Dylan avait passé le rideau de perle, la tête endormie, son petit déjeuner à la main, pour rejoindre la capitaine. Elle l’avait trouvée affairée à son bureau parmi les livres et les cartes dans un bruissement qui lui était familier. Il n’avait pas fallu pas longtemps à la chirurgienne pour comprendre que la capitaine avait passé la nuit entière à continuer les recherches qu’elle espérait fructueuse.

Après des salutations de circonstance, Red lui avait annoncé :
- J'ai prévenu Loyd et une partie de l'avant garde, réunion dans 30 min.

Le ton de la capitaine avait été sans équivoque et Dylan avait compris qu’elle était elle aussi invité à rejoindre la petite troupe sélective. Elle ne s’était pas attendue à être conviée, elle avait imaginé devoir se contenter des informations qu’elle arriverait à voler à Red Jack la nuit tombée, mais, au lien de ça, elle était mise au courant de l’avancé du projet en même temps que l’avant-garde. Un large sourire s’était dessiné sur ses lèvres.


L’ombre de Jesse Sullivan qu’elle avait vu plus tôt, se leva nonchalamment pour aller fouiller dans la bibliothèque qui se trouvait derrière le bureau, Dylan leva les yeux au ciel une deuxième fois. L’écossais ne pouvait s’empêcher de jouer les coqs de basse-cour. Il allait et venait, pieds nus, comme si la pièce lui appartenait. Une fois un ouvrage en main, il le fit lourdement tomber sur la carte de la capitaine et Dylan se demanda même s’il ne le l’aurait pas poussée si elle avait été sur son chemin.

Pendant que le gabier cherchait dans les lignes de son ouvrage, le nom d’une petite ville côtière - d’ailleurs Dylan se demanda si le livre traitait des aventures d’Avery sinon elle ne voyait pas l’intérêt de son intervention – le reste de l’avant-garde s’approcha de la table. Et Alonzo posa le bol vide de Jesse Sullivan dangereusement dans un coin du plateau de bois.


Quand elle avait émergé le matin même, Dylan avait été surprise de la luminosité. Il ne devait plus être trop tôt. Comme elle se l’était imaginé, elle était seule dans la cabine personnelle de Red Jack, cette dernière devait encore être occupée à son bureau. Enfin celui qui était de l’autre coté du rideau de perles, pas celui qui trônait, dépouillé de ses secrets, entre le hamac et la couchette. Sur celui-ci en revanche, était posé un bol et une cuillère.

Dylan avait souri. Red Jack s’était souvenue. La chirurgienne s’était imaginée que prise dans ses recherches la capitaine n’aurait pas pensé à lui apporter son déjeuner, comme l’exigeait sa défaite à leur petit pari, mais pourtant l’emplacement du bol n’avait pas laissé de doute sur le fait qu’il lui était bien destiné.

A la surface de la pâte grumeleuse des étranges traits semblaient avoir été tracés. Dylan était resté un moment à essayer de deviner ce qu’ils représentaient. Un « y » peut-être ? et un « d » ? Puis elle avait réussi à déchiffrer. Un petit rire lui avait échappé. Le geste était à la fois ridiculement maladroit, et affreusement touchant, comme le dessin mal fait d’un enfant enthousiaste.

Plus tard, quand elles s’étaient retrouvées toutes les deux dans la cabine, Dylan avait tout de même remercié Red Jack.
- Demain, tu réussiras à ce que ce soit un peu plus lisible, avait-elle ajouté avec un clin d’œil.


Tous étaient toujours suspendu aux lèvres de Jesse, attendant qu’il leur indique précisément leur premier cap. Pendant ce temps, Dylan se demanda comment un équipage anglophone arriverait à avancer en Honduras. S’ils parlaient tous aussi bien que l’américain, ils n’étaient pas sortis d’affaire. Dylan, elle, savait bien quelques mots, mais pas assez pour demander la direction d’un trésor caché.


- post 8 octobre 2021 -

Lorsque la jeune femme avait commencé à donner des explications, le reste du groupe s’était tous rapidement intéressé à l’histoire. Red s’en était doutée, après tout il n’y avait ici que des personnes déjà intéressées par la quête d’Avery, comme Jess et Alonzo, ou alors simplement intéressées par la probabilité quasi-certaine de faire exploser deux-trois choses au passage, comme… est-ce vraiment nécessaire de le nommer ?
De son côté, Sullivan s’était rapidement impliqué dans la réunion. Le livre qu’il avait posé sur la table, si les souvenirs de la jeune femme étaient justes, était celui qu’elle lui avait prêté en premier… Le hasard fait parfois bien les choses. Une fois parvenu à la bonne page, le gabier cherchait des yeux le passage en question pendant que Red lisait par-dessus son épaule sur laquelle elle s’était appuyée.
- Ici !

L’index de la jeune femme frôla la main du gabier en pointant un paragraphe qu’elle se mit à lire à voix haute pour le reste de l’assemblée.
- “Puerto Cortés, l’un des villages côtiers perpétuant encore les légendes entourant Avery, un pirate qui aurait séjourné en ces lieux…”
Reportant ses yeux sur la carte, Red Jack cherchait le port indiqué, laissant Sullivan achever les quelques lignes.
- “…Si rien ne prouve réellement les faits, les habitants les plus anciens s’accordent tous pour dire que la source est le chemin le plus sûr pour voguer tel Avery.”
- La source ? La source… ça me rappelle quelque chose… Dans le livre du français, le troisième, non, le quatrième tome ! Vers la fin, j’avais corné une page et souligné un passage…
Le matelot qui avait été réquisitionné pour sa connaissance de la langue attrapa au vol le volume indiqué, tournant fébrilement les pages jusqu’à retrouver l’écriture serrée sur capitaine soulignée par celle de la jeune femme. Comme beaucoup, il s’était pris au jeu de piste et s’empressa de lire à haute voix, traduisant en anglais pour la compréhension de tous.
- “Aujourd’hui, nous avons dépassé sous le vent Gwenved, parti deux semaines avant nous. D’après les signaux, tout allait pour le mieux, même s’ils ont pris un peu de retard. Je ne peux espérer que ce retard soit rattrapé, la quille plate de ce navire n’est pas faite pour la haute mer, c’est bien pour cette raison que nous pouvions partir en décalage, L’Espérance tenant bien mieux les bordées quelque soit la direction du vent. Il nous faudra mettre à profit notre avance pour préparer au mieux la remontée vers la source une fois parvenu à Honduras. Malgré mes espoirs en cette aventure, je doute que la possession d’un navire à faible tirant d’eau soit suffisant pour voguer tel Avery”
Un petit silence suivit la prise de parole du matelot. Pour certains, le temps de comprendre le lien entre les deux extraits de livres. Pour d’autres, parce qu’ils échafaudaient déjà la suite des événements. Peut-être que certains pensèrent furtivement aux espoirs en cette aventure de l’homme désormais décédé et englouti par la mer -si son corps n’avait pas été soufflé par l’explosion de l’Américain.

De son côté, Red Jack pensait plutôt à l’avantage inattendu offert par cette situation. Réfléchissant à haute voix, sa main glissa sur la carte, passant du village cité par le livre de Sullivan aux méandres d’un fleuve dont l’embouchure se situait à proximité.
- La source… la source d’un fleuve… Et un bateau à faible tirant d’eau… Ce n’est pas un hasard. D’après toutes mes lectures, chaque point choisi par Avery est stratégique. C’est un jeu de piste, ça semble logique de commencer par la source, même si je ne vois pas exactement pourquoi il a choisi ce village en particulier. Il doit y avoir un sens pour lui qui nous échappe.
Pensive, fatiguée aussi, la jeune femme balayait la table de son regard bleu sans ajouter un mot, alors qu’Alonzo prenait en compte l’existence du Gwenved.
- Si l’Espérance naviguait avec un autre navire, même à fond plat, il faut considérer qu’il finisse par arriver sur les lieux et donne l’alerte en ne voyant pas L’Espérance. On devrait l’aborder et le couler avant que ça n’arrive et remonte aux oreilles des autorités de Saint-Georges…
Relevant la tête, ce fut avec son ton catégorique de capitaine que Red s’opposa.
- Non, au contraire, il faut en tirer parti. Nous ne pouvons pas remonter le fleuve avec La Dame Rouge, alors la réquisition du Gwenved me semble appropriée.

Sullivan hochait la tête, visiblement sur la même longueur d’ondes que son capitaine.
- En plus, La Dame Rouge est toujours aux couleurs de L’Espérance. Donc si on arrive à Puerto Cortés avant le Gwenved…
- Il nous suffirait de l’attendre dans la baie en prétendant être L’Espérance, tout en repérant les lieux pour l’expédition…
- …A son arrivée, on l’aborde en toute discrétion, pour ne pas alerter les locaux…
- … et on l’utilise pour remonter le fleuve, en équipage réduit…
- … les autres resteront sur La Dame Rouge…
- … sous le commandement de Loyd, ce qui nous assure de faire la première étape avec uniquement l'avant-garde, en fonction de notre réussite ou non de cette étape nous pourrions donc donner du concret au reste de l’équipage pour les convaincre de suivre la piste d’Avery !
Les deux se regardaient avec un air ravi après avoir enchaîné les phrases l’un de l’autre avec enthousiasme à chaque fois que le plan se précisait.
Se rappelant subitement de l’existence de cette avant-garde (et de Dylan) dans la pièce, la jeune femme se tourna vers ceux-ci.
- Qu’en pensez-vous ?


- post 25 mars 2022 -

Un passage du journal du capitaine de l'Espérance originelle nous apprenait la pire nouvelle possible : il ne voguait pas seul. Visiblement très bien renseigné, il faisait route avec un deuxième navire, celui-ci plus approprié pour la navigation fluviale. Une chance pour nous, car la Dame Rouge ne ferait qu'une bouchée de ce genre d'adversaire.
Alonzo me devançait lorsqu'il donnait son point de vue à propos du deuxième navire. Après tout ce que nous avions fait pour rester discret, nous ne pouvions pas nous permettre de les laisser alerter toutes les Caraïbes qu'une frégate jouait les jumelles maléfiques.

C'est là que Red nous exposait son plan plus précisément. Le Gwen-machin nous était plus utile sur les vagues qu'au fond de l'océan, puisque nous allions devoir nous engager sur des eaux douces. Elle était donc très sérieuse à propos de tout ça, et nous demandait -pour une fois- de pirater non pas la cargaison mais le navire en lui-même. Donc intact, de préférence. Restait à voir s'ils allaient se laisser faire…

A les voir se donner la réplique, et écouter l'un finir la phrase de l'autre, on était en droit de se demander depuis quand Red et Jesse préparaient leur petit numéro. Ils étaient décidément très impliqués dans cette chasse. Lorsque Tic et Tac avaient finit de se donner la réplique, on finissait quand même par nous demander notre avis. Comme si quelqu'un allait refuser une idée pareille, défendue avec autant d'entrain.

- Ce que j'en pense, c'est que si Avery veut nous faire remonter un fleuve jusqu'à sa source, on devrait demander à mon ancien amiral d'inverser le sens du courant. Ce sera plus facile comme ça. Je me retenais difficilement de rire et envoyais un regard complice a ceux qui comprendraient, puis j'effaçais le grand sourire qui barrait mon visage et reprenais un peu de sérieux. Pour le reste, c'est un plan assez audacieux, mais c'est justement ce qui nous réussi le mieux alors je dirais qu'on a nos chances.

Quelques-uns ajoutaient leur petit commentaire, mais c'était l'opinion qui dominait parmi les personnes présentes dans la pièce. La capitaine et Sullivan semblaient au comble du bonheur ; Loyd affichait un air résigné, préférant surement accepter le plan pour s'assurer que nous resterions en un seul morceau. Et en parlant de morceaux, la chirurgienne restait de marbre. Je pensais savoir pourquoi Dylan restait si impassible : les derniers jours auraient dû être calme, et nous avions quand même trouvé le moyen d'enlever Colleen au beau milieu d'un feu d'artifice, puis de nous combattre nous-même avant d'assister à un boum encore plus gros. Alors forcément puisque le plan qui nous était proposé indiquait de l'action dès le début, elle devait être en train de se demander comment cela allait bien pouvoir finir.

Et elle n'avait peut-être pas tort. C'était là un plan osé. Un plan complètement fou, oui. On allait partir on ne savait où, à la recherche d'on ne savait quoi, avec un équipage réduit ; le genre de chose qui passait à la postérité et qui rapportait son petit lot de gloire en cas de réussite. Dangereux, débile, et distingué : en somme un plan parfait.



- post 27 avril 2022 -